Robert F. Kennedy subit une lapidation des temps modernes… par une foule en colère. Une autre pierre l’a touché lundi. Kennedy rapporte :
« La New York Society for Ethical Culture @EthicalNYC vient d’annuler mon événement avec @RabbiShmuley prévu demain soir. Ils sont manifestement sous une pression énorme, puisqu’ils ont violé un contrat exécutoire et ont annulé sans explication […]. »
Le complexe
Certains sont en colère, parce qu’il a osé défier son propre parti, les démocrates. Ils pensent qu’il répond aux volontés des méchants républicains.
Certains sont en colère parce qu’il présente une menace pour l’industrie de la médecine, de la pharmacie et des assurances santé, en remettant en question l’efficacité des vaccins.
D’autres lui en veulent parce qu’il présente une menace pour le complexe militaro-industriel et ses guerres perpétuelles, ses housses mortuaires et ses budgets de plusieurs milliers de milliards de dollars. Ceci vient d’être publié sur le site web Fabius Maximus :
« Le département de la Défense a recours à une comptabilité très obscure pour dissimuler son coût réel aux citoyens américains, et y parvient à l’aide de la presse grand public. Winslow Wheeler, expert de longue date du département de la Défense, montre le coût réel de notre département de la Guerre. Comme tous ceux qui tentent de démystifier notre complexe militaro-industriel depuis que le président Eisenhower nous a mis en garde contre lui en 1961, il a été complètement ignoré.
Le budget de la sécurité nationale des États-Unis pour 2023/24 sera d’environ… 1 500 Mds$ de dollars. »
Fabius Maximus était un consul et dictateur romain, qui a sauvé Rome des Carthaginois. Une première fois suite à la bataille du lac Trasimène. Puis une seconde fois après la bataille désastreuse (pour les Romains) de Cannes. On l’appelle le « Cunctator » – le temporisateur – parce qu’il avait compris qu’il n’était pas judicieux d’affronter Hannibal dans une bataille rangée. Il valait mieux le harceler continuellement, couper ses lignes de ravitaillement et attendre qu’il soit à court de vivres et de soldats. Toutes les générations de militaires depuis lors ont étudié la stratégie du Cunctator.
Pour revenir à RFK Jr., certains le méprisent simplement parce que le « système » les a rendus riches et puissants, et ils n’apprécient pas ses critiques. Il a trahi sa classe (l’élite libérale), disent-ils. Même son propre cousin, Jack Schlossberg, dit de lui qu’il est une honte pour le clan Kennedy. Le New York Post rapporte :
« La candidature de Robert F. Kennedy Jr. à la présidentielle de 2024 représente la ‘vanité’ et un ‘embarras’, et il ‘mise tout sur la célébrité, les théories du complot et les conflits’, a décrié vendredi son cousin Jack Schlossberg.
Le fils de Caroline Kennedy, âgé de 30 ans – et unique petit-fils de feu le président John F. Kennedy – est allé plus loin en soutenant officiellement le président Biden, qui ‘partage la vision de son grand-père pour l’Amérique’ et est ‘le plus grand président progressiste que nous ayons jamais eu’. »
Vraiment ?
L’empire contre le monde
Les personnages les plus dangereux dans la foule sont ceux qui portent un masque noir. Ils ne disent rien. Ils n’admettent rien. Ils prétendent ne pas exister.
Si les raisons « politiques » superficielles pour discréditer Kennedy sont assez évidentes, les raisons plus profondes, celles de la mégapolitique, sont plus importantes :
« RFK Jr. ne se présente pas seulement contre Joe Biden, mais contre le complexe militaire/industriel/d’espionnage/médical/universitaire/médiatique… et l’ensemble de l’élite de l’establishment des deux partis politiques… et du Deep State. »
Kennedy est en conflit avec l’Empire.
C’est là que le combat est vraiment important. C’est un combat que son oncle et son père ont mené il y a plus d’un demi-siècle, un combat pour empêcher une république décente de se transformer en un empire rapace. Ils ont perdu. Aujourd’hui, le concours déterminera la manière dont l’empire va décliner – dans la paix… ou dans l’opprobre.
Le rendez-vous des Etats-Unis avec la grandeur impériale a eu lieu à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, les Etats-Unis sont devenus des coqs en pâte. Puis, pendant un demi-siècle, ils ont été l’hégémon du monde. Mais ils ont atteint leur apogée à la fin des années 1990, et sont devenus depuis cet « empire dégénéré » dont nous entendons parler dans les actualités.
RFK Jr. a vécu cette période, comme la plupart d’entre nous. Mais il l’a vécue de très près, et bien trop personnellement. Son oncle puis son père ont été assassinés. Il a ensuite vu l’empire se développer et se corroder. Les Tafts, les Cabot Lodges, les Dirksens et les Kennedys ont été pour la plupart évincés de la vie politique. Ils ont été remplacés par Biden, Hillary, AOC, Santos, Taylor-Greene. Le rôle militaire des Etats-Unis est devenu de plus en plus important, tandis que le Congrès s’est transformé en convention de nains.
Une menace pour le système
Rien d’étonnant à cela ! Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les hommes et les femmes qualifiés se tiennent à l’écart de la politique. Qui voudrait que des journalistes consultent toutes ses archives du lycée… ou des lettres envoyées à un journal en 1985 ? Qui souhaiterait que des politiciens récoltent des informations personnelles auprès d’anciennes épouses, d’anciens employés mécontents ou de rivaux jaloux ?
Qui imposerait à sa famille le genre d’attention médiatique malveillante constante que Donald Trump… et maintenant Robert Kennedy… endurent ? Quel genre d’égocentrique pathologique assoiffé de pouvoir voudrait cela pour lui-même… sans parler des personnes qui lui sont chères ?
Joe Biden a passé toute sa vie à jouer à ces petits jeux politiques. Pour lui, accéder à la Maison-Blanche n’était que l’aboutissement naturel d’une carrière peu reluisante. De même, Donald Trump a toujours eu soif de gloire et de fortune. Il n’avait pas de véritable plan, pas de principes et pas de programme pour les Etats-Unis ; il n’avait qu’un seul objectif personnel : faire les gros titres et prouver qu’il n’était vraiment pas le loser que tout le monde pensait qu’il était.
Kennedy ? Sa personnalité est plus complexe. Mais ce qui l’anime a fait de lui la victime de l’attaque la plus vicieuse et la plus malhonnête que nous ayons jamais vue. Les antagonistes – les hommes politiques comme la presse de propagande – savent parfaitement que Kennedy ne déteste pas les Juifs. Ils savent qu’il n’est pas plus « raciste » qu’eux. Ils savent aussi qu’il ne diffuse pas intentionnellement de « fausses informations » sur les vaccins. Il dit les choses qu’il dit parce qu’il les croit vraies. C’est vrai ? Pas vrai ? Qui sait ? Mais cela vaut la peine d’en discuter.
Mais Kennedy représente une menace pour le « système »… pour l’empire… pour le Deep State, et toutes les bêtises malignes qui en découlent. Ils essaient donc de l’enterrer sous un tas de pierres.
Antisémite ! Raciste ! Antivax ! Complotiste ! M. Kennedy affirme qu’il est l’objet d’une campagne de dénigrement bien plus dure que celle dont a fait l’objet Donald Trump. Mais Trump n’a jamais représenté une véritable menace pour tous ces gens. Kennedy, oui.
Aujourd’hui, aucun moineau ne peut tomber d’une branche sans déclencher les détecteurs de Langley, en Virginie, où se trouve le QG de la CIA. Et aucun politicien ne peut défier l’Empire sans être frappé par un rocher de granit.
Rédigé par Bill Bonner
La Chronique Agora