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Anne Brassié reçoit Luc-Olivier d’Algange pour ses "Propos réfractaires" publiés chez L'Harmattan. Dans la tradition des moralistes du XVIIème siècle, l'auteur stigmatise "cette grande machine de guerre en mouvement contre tout ce que nous aimons". Texte incisif tout en étant poétique, enlevé et plein d'humour : "Les modernes voulus modernes iront en enfer… car installés au Paradis, ils en désaccorderaient l‘harmonie par leurs griefs, leurs jérémiades et leurs revendications !".
Perles de Culture n°396 : Du nihilisme de certains modernes
Tenu en suspicion par l’intelligentsia progressiste de son époque, mis à l’index par le régime soviétique après la Révolution de 1917, Nicolaï Semionovitch Leskov (1831-1895) fait partie de ces écrivains pour qui la postérité n’a pas été généreuse. Depuis la chute de l’Union soviétique, ce géant des lettres a pourtant repris la place qui était la sienne en Russie, aux côtés de Gogol, Dostoïevski et Tolstoï, tandis qu’en France, il est progressivement réédité.
Nul doute qu’il finira par rencontrer ses lecteurs parmi les amateurs de grande littérature.
Leskov est l’un des conteurs russes les plus originaux du XIXe siècle. Doté d’une verve intarissable et d’une puissance d’évocation phénoménale, il nous a légué un des panoramas les plus vivants de la Russie de son époque.
A 16 ans, l’adolescent entre au service de son oncle, intendant de vastes domaines. Il sillonnera la Russie pendant 15 ans et engrangera la matière de son œuvre à venir : une grande chronique consacrée au peuple russe dans toutes ses composantes. Ses personnages sont exaltés, anarchiques, contestataires, jusqu’au boutistes, « mécontent(s) de tous les ordres » ; ce sont des peintres d’icônes itinérants, des Vieux-Croyants, des « Lady Macbeth au village », des vagabonds excentriques et superstitieux qui s’épanchent, prient, tuent, se morfondent, n’ont aucun amour propre mais sont capables de compassion et même d’abnégation.
Leskov n’hésite pas à moquer la forfanterie russe comme dans Le Gaucher où un artisan bigleux, et gaucher donc, pour satisfaire le Tsar Nicolas Ier et flatter l’orgueil national, parvient à ferrer les pattes d’une puce mécanique en acier, sans microscope et sans rien connaître des « quatre règles de l’arithmétique », après quoi il ira se saouler à la russe (c'est-à-dire beaucoup et longtemps).
Mais avant d’écrire cette œuvre où se mêle le grotesque et le grandiose, Leskov avait commencé sa carrière d’écrivain avec deux romans plus politiques : Sans Issue (édité sous le titre Vers nulle part par L’âge d’Homme en 1998) et A couteaux tirés parus pour la première fois en France en 2017 aux éditions des Syrtes.
Après avoir traversé la Russie de long en large, Leskov s’était installé à 30 ans à Saint-Pétersbourg où il était devenu journaliste. On était à l’époque des grandes réformes d’Alexandre II et la capitale était en ébullition. Les philosophies européennes du doute avaient engendré dans l’âme russe tourmentée un radicalisme destructeur, le fameux « nihilisme ». Révolutionnaires, socialistes, démocrates, matérialistes, scientistes, adeptes du pessimisme de Schopenhauer ou du positivisme d’Auguste Comte, tous se faisaient les apôtres de « la destruction universelle » réclamée par Herzen et Bakounine, laquelle débouchera vingt ans plus tard sur une série d’assassinats, dont celle du Tsar.
C’est contre ce nihilisme que Leskov écrit son premier roman en 1864, quelques années avant Dostoïevski qui y répondra de son côté avec Les Démons (anciennement Les Possédés).
En 1870, il réitère avec le monumental A Couteaux tirés, un roman de près de mille pages dans lequel il décrit une petite société provinciale corrompue par des nihilistes de « Pétersbourg ». Il y a le faible et pathétique Joseph Platonovitch Vislenev qui n’hésite pas à spolier et vendre sa propre sœur, mariée à un riche commerçant dont elle prépare méthodiquement l’assassinat pour s’emparer de son héritage. Il y a surtout l’affairiste sans foi ni loi Pavel Nikolaevitch Gordanov, un homme cynique et amoral qui ne recule devant aucun crime et aucune bassesse pour faire avancer ses affaires et satisfaire son plaisir.
C’est une spirale que décrit Leskov, dans laquelle le mal engendre le mal et ne permet aucun retour en arrière. A la fin, il ne reste plus que lui, brut, absurde : ayant légalement obtenu l’héritage, la sœur de Vislenev n’a plus aucune raison de faire tuer son mari ; elle n’arrête pourtant pas la machination.
L’odeur de crime qui plane sur ce roman et le massacre final ne laisse aucun doute sur la prémonition de Leskov. La dernière phrase du roman, « tout cela n’est que le prologue à un cataclysme qui surviendra inéluctablement », annonce bien entendu la révolution de 1917.
Mais ces personnages qui se servent des institutions comme tremplin à leur ambition personnelle, cette inversion permanente des valeurs, ce refus de tout héritage, cette obsession pour les affaires et l’enrichissement, ce narcissisme ombrageux, ce refus de distinguer le bien du mal, cette fascination pour la canaille, cette négation de toute solidarité entre les êtres, cette société « à couteaux tirés » où les individus se livrent une guerre sans fin, cette décomposition sociale enfin, ne peuvent que nous inviter à penser que Leskov a vu beaucoup plus loin que l’explosion révolutionnaire. C’est bel et bien notre monde moderne qu’il a entraperçu dans la crise nihiliste des années 1860.
Un monde qui s’est renié en tout et qui depuis ce reniement danse au bord de l’abime. « Le temps de Leskov n’est pas encore venu. Leskov est un écrivain de l’avenir », a dit Tolstoï à sa mort. L’avenir est là, c’est notre présent ; et c’est bien celui que nous avait annoncé cet écrivain visionnaire.
Nul doute qu’il finira par rencontrer ses lecteurs parmi les amateurs de grande littérature.
Leskov est l’un des conteurs russes les plus originaux du XIXe siècle. Doté d’une verve intarissable et d’une puissance d’évocation phénoménale, il nous a légué un des panoramas les plus vivants de la Russie de son époque.
A 16 ans, l’adolescent entre au service de son oncle, intendant de vastes domaines. Il sillonnera la Russie pendant 15 ans et engrangera la matière de son œuvre à venir : une grande chronique consacrée au peuple russe dans toutes ses composantes. Ses personnages sont exaltés, anarchiques, contestataires, jusqu’au boutistes, « mécontent(s) de tous les ordres » ; ce sont des peintres d’icônes itinérants, des Vieux-Croyants, des « Lady Macbeth au village », des vagabonds excentriques et superstitieux qui s’épanchent, prient, tuent, se morfondent, n’ont aucun amour propre mais sont capables de compassion et même d’abnégation.
Leskov n’hésite pas à moquer la forfanterie russe comme dans Le Gaucher où un artisan bigleux, et gaucher donc, pour satisfaire le Tsar Nicolas Ier et flatter l’orgueil national, parvient à ferrer les pattes d’une puce mécanique en acier, sans microscope et sans rien connaître des « quatre règles de l’arithmétique », après quoi il ira se saouler à la russe (c'est-à-dire beaucoup et longtemps).
Mais avant d’écrire cette œuvre où se mêle le grotesque et le grandiose, Leskov avait commencé sa carrière d’écrivain avec deux romans plus politiques : Sans Issue (édité sous le titre Vers nulle part par L’âge d’Homme en 1998) et A couteaux tirés parus pour la première fois en France en 2017 aux éditions des Syrtes.
Après avoir traversé la Russie de long en large, Leskov s’était installé à 30 ans à Saint-Pétersbourg où il était devenu journaliste. On était à l’époque des grandes réformes d’Alexandre II et la capitale était en ébullition. Les philosophies européennes du doute avaient engendré dans l’âme russe tourmentée un radicalisme destructeur, le fameux « nihilisme ». Révolutionnaires, socialistes, démocrates, matérialistes, scientistes, adeptes du pessimisme de Schopenhauer ou du positivisme d’Auguste Comte, tous se faisaient les apôtres de « la destruction universelle » réclamée par Herzen et Bakounine, laquelle débouchera vingt ans plus tard sur une série d’assassinats, dont celle du Tsar.
C’est contre ce nihilisme que Leskov écrit son premier roman en 1864, quelques années avant Dostoïevski qui y répondra de son côté avec Les Démons (anciennement Les Possédés).
En 1870, il réitère avec le monumental A Couteaux tirés, un roman de près de mille pages dans lequel il décrit une petite société provinciale corrompue par des nihilistes de « Pétersbourg ». Il y a le faible et pathétique Joseph Platonovitch Vislenev qui n’hésite pas à spolier et vendre sa propre sœur, mariée à un riche commerçant dont elle prépare méthodiquement l’assassinat pour s’emparer de son héritage. Il y a surtout l’affairiste sans foi ni loi Pavel Nikolaevitch Gordanov, un homme cynique et amoral qui ne recule devant aucun crime et aucune bassesse pour faire avancer ses affaires et satisfaire son plaisir.
C’est une spirale que décrit Leskov, dans laquelle le mal engendre le mal et ne permet aucun retour en arrière. A la fin, il ne reste plus que lui, brut, absurde : ayant légalement obtenu l’héritage, la sœur de Vislenev n’a plus aucune raison de faire tuer son mari ; elle n’arrête pourtant pas la machination.
L’odeur de crime qui plane sur ce roman et le massacre final ne laisse aucun doute sur la prémonition de Leskov. La dernière phrase du roman, « tout cela n’est que le prologue à un cataclysme qui surviendra inéluctablement », annonce bien entendu la révolution de 1917.
Mais ces personnages qui se servent des institutions comme tremplin à leur ambition personnelle, cette inversion permanente des valeurs, ce refus de tout héritage, cette obsession pour les affaires et l’enrichissement, ce narcissisme ombrageux, ce refus de distinguer le bien du mal, cette fascination pour la canaille, cette négation de toute solidarité entre les êtres, cette société « à couteaux tirés » où les individus se livrent une guerre sans fin, cette décomposition sociale enfin, ne peuvent que nous inviter à penser que Leskov a vu beaucoup plus loin que l’explosion révolutionnaire. C’est bel et bien notre monde moderne qu’il a entraperçu dans la crise nihiliste des années 1860.
Un monde qui s’est renié en tout et qui depuis ce reniement danse au bord de l’abime. « Le temps de Leskov n’est pas encore venu. Leskov est un écrivain de l’avenir », a dit Tolstoï à sa mort. L’avenir est là, c’est notre présent ; et c’est bien celui que nous avait annoncé cet écrivain visionnaire.
Les livres de monsieur Maulin - Nicolas Leskov, le visionnaire oublié
Au programme de cette édition, nous reviendrons sur le voyage des ministres des affaires étrangères européens à Kiev lundi. Alors que les Etats-Unis avancent vers un désengagement financier, Bruxelles joue des coudes pour reprendre le rôle de créancier de guerre…
Nous ferons ensuite un point sur le conflit qui oppose Erevan à Bakou et ses conséquences pour la population arménienne du Haut-Karabakh.
Et puis nous reviendrons en France pour la politique sécuritaire du gouvernement. Entre effet d’annonce et coup de com’, le pays a tout de la cocotte-minute.
Nous ferons ensuite un point sur le conflit qui oppose Erevan à Bakou et ses conséquences pour la population arménienne du Haut-Karabakh.
Et puis nous reviendrons en France pour la politique sécuritaire du gouvernement. Entre effet d’annonce et coup de com’, le pays a tout de la cocotte-minute.
Ukraine : l’UE à fonds perdus pour Zelensky - JT du mardi 3 octobre 2023
Dans ce nouveau numéro des Femmes et des Enfants d’abord, Floriane Jeannin fait le point sur la dernière saison de Sex Education, une série Netflix qui, à l’occasion de la sortie de son final, a fait un partenariat avec la très militante association du planning familial. L’occasion de réfléchir à l’éducation affective et amoureuse de nos enfants et de prendre son courage à deux mains pour poser les bonnes questions lors des réunions de rentrée scolaire des enfants…
Dans l’actualité des parents, on revient aussi sur la polémique concernant les mères au foyer et la loi pour le plein-emploi à l'Assemblée Nationale.
Notre journaliste porte aussi votre attention sur la sortie d’un livre-choc, « Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital ». L’occasion pour vous chers parents de découvrir ou de redécouvrir Michel Desmurget docteur en neurosciences qui nous offre l’antidote ultime : les livres !
Faire lire ses enfants et leur lire des livres c'est en effet absolument essentiel c'est pourquoi vous trouverez dans chaque numéro des Femmes et des Enfants d’abord en conclusion deux chroniques lecture en partenariat avec Anne-Laure Blanc et Valérie d’Aubigny pour chouette un livre et 123 loisirs.
Mais dans cette émission il ne sera pas question de bannir définitivement les écrans, car il y a des merveilles et des trésors classiques à regarder avec ses enfants et c’est justement tout l’objet de la chronique éducation avec Laurent Dandrieu et son ouvrage : « Une cinémathèque idéale - Que regarder en famille de 5 à 16 ans ? », qui présente une sélection de 5 films à voir en famille. Un guide absolument coup de cœur qui propose près de 700 films à visionner tous ensemble, classés par catégorie d’âge, qui seront l’objet de belles discussions entre vous une fois choisis avec soin et visionnés.
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Liens utiles :
https://www.123loisirs.com/
https://www.chouetteunlivre.fr/
https://www.instagram.com/floriane_tvl/
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Livres :
Une cinémathèque idéale - Que regarder en famille de 5 à 16 ans ? : https://boutiquetvl.fr/jeunesse/laurent-dandrieu-une-cinematheque-ideale-
Contes des plus grands ballets : https://123loisirs.com/livre/contes-des-plus-grands-ballets-4596
La première bataille de Guillaume le Conquérant : https://nouvelle-librairie.com/boutique/jeunesse/la-premiere-bataille-de-guillaume-le-conquerant/
Dans l’actualité des parents, on revient aussi sur la polémique concernant les mères au foyer et la loi pour le plein-emploi à l'Assemblée Nationale.
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Faire lire ses enfants et leur lire des livres c'est en effet absolument essentiel c'est pourquoi vous trouverez dans chaque numéro des Femmes et des Enfants d’abord en conclusion deux chroniques lecture en partenariat avec Anne-Laure Blanc et Valérie d’Aubigny pour chouette un livre et 123 loisirs.
Mais dans cette émission il ne sera pas question de bannir définitivement les écrans, car il y a des merveilles et des trésors classiques à regarder avec ses enfants et c’est justement tout l’objet de la chronique éducation avec Laurent Dandrieu et son ouvrage : « Une cinémathèque idéale - Que regarder en famille de 5 à 16 ans ? », qui présente une sélection de 5 films à voir en famille. Un guide absolument coup de cœur qui propose près de 700 films à visionner tous ensemble, classés par catégorie d’âge, qui seront l’objet de belles discussions entre vous une fois choisis avec soin et visionnés.
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Une cinémathèque idéale - Que regarder en famille de 5 à 16 ans ? : https://boutiquetvl.fr/jeunesse/laurent-dandrieu-une-cinematheque-ideale-
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Les Femmes et les Enfants d’abord ! - Quelle éducation sexuelle laissons-nous à nos enfants ?
L'histoire officielle nous présente une France de l’Occupation divisée en deux : celle de la Résistance qui ne put être que de gauche et surtout communiste et celle de la Collaboration, de droite et surtout d’extrême droite. Pourtant, sur fond d’antibellicisme, dont la genèse est compréhensible après le traumatisme de la boucherie de 14-18, des anciens combattants, mais aussi tout un pan de la gauche pacifiste de l’entre-deux-guerres, vont chanter les louanges du nouveau régime installé à Vichy. Beaucoup des socialistes et des libertaires regroupés quelques années auparavant au sein du Centre de Liaison contre la guerre ou de la Ligue des droits de l’Homme deviendront des partisans de la collaboration. Dès la mi-juin 1940, la presse parisienne, réagissant au traumatisme historique de la défaite, appelle à répudier un passé désormais honni. Cette volonté unanime de rupture et de renouveau politique contraste avec la multiplication des journaux politiques de gauche, tenants de la collaboration et souvent rivaux. L’engagement, jugé aberrant, du courant socialiste et de sa presse en faveur de l’Allemagne nazie fut pourtant bien réel.
La Revue d'Histoire européenne
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Le Nouveau Passé-Présent : Voyage au cœur de la presse de gauche collabo
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