La nouvelle loi de programmation militaire suscite de vives inquiétudes quant à son impact sur les libertés individuelles en France. Présenté par le Premier ministre Elisabeth Borne et le ministre des Armées Sébastien Lecornu, le texte comporte notamment un article permettant au Président de la République de réquisitionner toute personne ou entité, ainsi que leurs biens et services, en cas de menace pour la nation. Cette disposition soulève des préoccupations majeures quant à l'atteinte aux libertés fondamentales....
Le projet de loi de programmation militaire pour la période 2024-2030 suit la tendance de raidissement observée depuis vingt ans, en particulier aux États-Unis, suite aux attentats de 2001. Malheureusement, ce texte semble franchir une nouvelle étape dans la restriction des libertés. Ainsi, son article 23 donne le pouvoir au Président de prendre des mesures de réquisition, sous certaines conditions, en cas de menace sur les activités essentielles du pays. De plus, contrevenir au décret exposerait à un an de prison ou 15 000 euros d’amende.. Cette approche législative radicale est liée au contexte de guerre en Europe, mais son application pratique dans des régions spécifiques peut être particulièrement délicate.
Par ailleurs, la loi de programmation militaire prévoit des augmentations budgétaires annuelles de 3 à 4 milliards d'euros pour le secteur militaire. Cependant, l'objectif d'augmenter le nombre de réservistes à plus de 100 000 semble déconnecté de la réalité des casernes et de la situation actuelle de la réserve opérationnelle. Il convient également de souligner que la programmation militaire ne couvre pas les moyens consacrés au soutien militaire de l'Ukraine, qui seront intégrés dans d'autres lois de finances. En revanche, elle prévoit la commande de 130 blindés supplémentaires pour remplacer le matériel cédé à l'Ukraine. Ainsi, les crédits destinés à l'armée française serviront à financer la guerre en Ukraine, ce qui soulève des interrogations quant à la priorité donnée à la défense et à la sécurité du pays.
Quoi qu'il en soit, cette nouvelle loi de programmation militaire reste vivement contestée en raison de son impact sur les libertés publiques. Même au sein des rangs centristes, des voix s'élèvent contre ce texte. Malgré les préoccupations soulevées, les parlementaires se réuniront en commission mixte paritaire pour discuter du projet de loi final, que le gouvernement prévoit de promulguer mi-juillet. Il apparaît donc que ce texte risque de renforcer les prérogatives présidentielles sans pour autant donner les moyens nécessaires aux armées pour défendre le pays.
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