L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a instauré des restrictions d’usage pour l'herbicide prosulfocarbe en raison de risques potentiels pour les enfants. Moins médiatisé que le glyphosate, le prosulfocarbe a vu ses ventes augmenter de 6 500 tonnes en 2021 à 7 400 tonnes en 2022. Appliqué principalement sur des céréales, pommes de terre et certains légumes à l'automne, sa volatilité cause la contamination de denrées de cultures non traitées, impactant notamment les produits de l’agriculture biologique.
Le ministère de l’agriculture, alerté en novembre 2021 suite à des concentrations élevées de prosulfocarbe dans l'air de la plaine céréalière d’Aunis, près de La Rochelle, a sollicité une évaluation de l'Anses sur les risques pour les riverains. L'Anses a conclu que les niveaux de prosulfocarbe dans l'air de la plaine d'Aunis ne représentaient pas de risque sanitaire. Cependant, l'exposition directe des riverains, notamment des enfants, aux gouttelettes durant les épandages est considérée comme préoccupante.
« L’Anses ne peut pas exclure, pour une exposition par voie cutanée principalement, le dépassement des seuils de sécurité pour des enfants se trouvant à moins de 10 mètres de distance de la culture lors des traitements », conclut l’évaluation.
Pour réduire les risques liés au prosulfocarbe, l’Anses a mis en place des restrictions qui entreront en vigueur le 1er novembre. Ces mesures comprennent une réduction d'au moins 40 % de la dose maximale autorisée de prosulfocarbe par hectare. De plus, les agriculteurs devront utiliser des équipements qui diminuent de 90% la dérive lors des épandages, soit une augmentation par rapport à la norme actuelle de 66%. Les distances de sécurité lors des épandages seront également augmentées à 10 mètres (contre 5 actuellement) des habitations, et à 20 mètres si l'équipement adéquat n'est pas utilisé.
Le Monde / Illustration