La France sous urgence respiratoire ! Le pic de l’épidémie de Coranavirus est encore devant nous et selon le ministre de la Santé, le pays manque de 4 000 respirateurs. Pour le professeur Eric Maury, réanimateur à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, « cela ne suffira pas ». Comme il n’y a qu’un seul fabricant français de respirateurs, il a lancé un appel aux industriels pour participer à l’effort de guerre. Un appel entendu…
En effet, pour faire face à la pénurie, l’entreprise Air Liquide, la seule à fabriquer ces respirateurs sur le territoire, a déjà doublé sa production pour sortir 1 100 machines dès le mois d’avril et davantage les mois suivants. L’objectif à terme pour le numéro deux mondial des gaz industriels est de quadrupler sa production. Une prouesse réalisable grâce au rachat en 2018 d’Eove, une PME française spécialisée dans la réalisation de ventilateurs portables.
Même effort chez le constructeur automobile Renault où plusieurs projets de fabrication de respirateurs sont à l’étude. L’un d’eux, baptisé « Makers for life », des créateurs pour la vie, semble très prometteur. Pendant que Renault travaille à l’ingénierie et à la logistique, le spécialiste des pneumatiques, Michelin, a rejoint le projet notamment pour produire des joints. Le but des lignes d’assemblages de Guyancourt dans les Yvelines : produire 350 respirateurs dès cette semaine avant de passer à une plus grande cadence.
Chez le concurrent PSA, on en est encore à « étudier la faisabilité » d’un projet du même ordre. La direction peut en tout cas compter sur ses permanents syndicaux. En effet, une fois n’est pas coutume, la CGT a décidé de se mettre au diapason. Un responsable a affirmé qu’il ne serait « pas question de reprendre le travail pour autre chose que des respirateurs ».
Et les industries automobiles ne sont pas seules sur le pied de guerre. Le géant français des cosmétiques L’Oréal a mobilisé ses salariés du service « achats et logistique » pour commander plusieurs centaines de respirateurs auprès de ses relais en Chine, tout en s’assurant du respect des normes européennes.
Le géant Décathlon a pour sa part eu l’idée de bloquer les ventes de son masque de plongée « Easybreath », respiration facile, qui peut être relié à un respirateur pour protéger les soignants du coronavirus. Le groupe a décidé d'en distribuer 30 000 ainsi que 30 000 lunettes de piscine.
Au-delà des efforts au cas par cas, un consortium français composé de PSA, Valeo, Schneider Electric, Seb et Eolane est mobilisé autour d’Air Liquide pour sécuriser l’approvisionnement en matières premières, la production et l’intégration des différents composants nécessaires à cet effort de guerre inédit.
Dans le reste de l’Europe, comme en Grande-Bretagne ou en Italie, d’autres projets similaires illustrent la capacité des industriels à innover. Peut-être de quoi espérer, pour la sortie de crise, les prémices de relocalisations des productions.
Pierre Bergerault