Les Conversations
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°58 - Babette de Rozières : La cuisinière qui cuisinait les politiques
Voici une femme-ouragan : après une enfance difficile en Guadeloupe, entre une grand-mère pleine de saveurs et une mère dévoreuse, la petite Babette fugue à 18 ans. Comme elle ne fait jamais les choses à moitié, voilà qu’elle débarque, seule et sans aucune connaissance, dans le bouillant Paris des années 60. C’est avec une stupéfiante énergie, qui est aussi une leçon de morale, une aptitude, qui tient du génie, à saisir les chances que lui offre le hasard et une arme inattendue, la cuisine créole (qu’elle apprend "sur le tas" en participant aux émissions de Maritie et Gilbert Carpentier), qu’elle conquiert la capitale. Elle y ouvre plusieurs restaurants, participe à de nombreuses émissions de télévision et devient dans le monde entier l’une des plus célèbres cuisinières françaises, au point que les gloires naissantes de Saint-Tropez, le Roi du Maroc ou l’ONU, l’appellent pour organiser leurs fêtes les plus resplendissantes. Cela ne suffit pas encore à l’intrépide gloire des Antilles : c’est par la défense de ses chers Outre-mer, quelle reproche aux métropolitains de trop délaisser, et qu’elle défend bec et ongles en mouillant sa chemise de façon exemplaire, qu’elle entre en politique, utilisant un solide carnet d’adresse qui lui permet d’être à la fois complice de Jacques Chirac ou Charles Pasqua (ici, quelques anecdotes désopilantes), d’Anne Hidalgo ou Valéry Pécresse - aux côtés de cette dernière, cette gaulliste invétérée et énergique (qui a même rencontré le général de Gaulle !), est élue au Conseil général d’Ile-de-France avant de la quitter de tonitruante façon pour rejoindre Eric Ciotti dont elle est désormais la déléguée dans les Yvelines - c’est là que rayonne aujourd'hui, dans la charmante petite ville de Maule, son fameux restaurant. Devant notables et notoires, elle sort facilement sa langue de sa poche, ce qui nous vaut des anecdotes des plus croustillantes - jusqu’à la confession finale accordée en exclusivité pour TVL, aussi touchante qu'inattendue.
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°72 - Hugues Reiner : La musique française a-t-elle disparu ? (2ème partie)
Suite de notre conversation pleine d’imprévus avec le chef d’orchestre et compositeur Hugues Reiner. Sa personnalité volcanique et sa vitalité hors pair en ont séduit beaucoup, mais il leur reste à découvrir la suite de son parcours, toujours plus inattendu, jusqu’au grand concert qu’il organise le 11 décembre 2025 en l’église Saint Sulpice de Paris (20h45). Au programme, sa "Cantate Charles de Gaulle" puis ce Requiem de Mozart qui reste son monument de prédilection. Venez nombreux !
Mais à travers cette conversation se pose une grave question qui concerne tous les Français. Car, si tout peuple est formé par la conscience de ses intérêts propres, de son histoire, de sa langue, il l’est aussi, bien qu’on y songe trop peu, par sa musique. Langue, images et sons forment son imaginaire et, en retour, peuvent aussi bien le déformer quand images et sons lui sont imposés par d’autres. Nous l’éprouvons à longueur de journée en subissant d’affreuses "musake", comme dit Renaud Camus, dont les ascenseurs, les bars, restaurants, supermarchés, radios et télévisions s’acharnent à nous mettre la bouillie au fond des oreilles, c’est-à-dire de nos cerveaux - parfois concurrencées par les danseries maghrébines que des provocateurs font hurler à dessein. La guerre culturelle se fait, autant que par l’image, par la musique…
Et si les Français redécouvraient la musique française, sa tradition lointaine, sa richesse contemporaine, son immense portée spirituelle et intellectuelle ? Ceux qui ont fait la chrétienté ont su l’immense résonance dans les esprits et les cœurs du chant dit "grégorien", comme l’ont su aussi nos rois musiciens, Louis XIII et son fils Louis XIV dont on a pu dire que le long règne fut une "dictature de Lully". Nos Républiques le surent aussi : la première pourchassa la fois la musique de cour et la musique sacrée, tandis que, dès ses débuts, la IIIème République encouragea la "musique française", extraordinaire foisonnement musical dont Fauré, Ravel et Debussy ne furent que de beaux exemples parmi tant d‘autres, tout cela pour faire pièce à l’omniprésence de la musique allemande qui, après Sedan, sonna aux oreilles françaises comme une provocation. Plus tard, Malraux conçut une véritable "politique de la musique", qu’il confia à l’immense Marcel Landosky, puis Pompidou favorisa de mille façons Pierre Boulez, avant que Jack Lang n'invente la "fête de la musique" pour que toute musique dite classique fut une fois pour toute recouverte par le brouhaha des supposées "musiques du monde". Et maintenant où en sont les Français avec leur musique ?
Connexion
Afin d'utiliser cette fonctionnalité, vous devez vous connecter :