Passé Présent

Passé-Présent n°231 : français d'Algérie et algériens avant 1962

Publiée le 19/03/2019

Philippe Conrad revient sur l'invasion du Tibet par les chinois, à l'occasion du 60è anniversaire de celle-ci.

Le Tibet, cet immense haut plateau, fut une grande puissance d'Asie centrale au Moyen-Age. Après son apogée au 8è S., l'empire fut contrôlé par le pouvoir mongol au 12è S., puis par les Yuan. Les empires russe et britannique convoitent, au 19è S., la région qui devient un enjeu politique majeur, mais la suzeraineté chinoise sur le Tibet déclenche une insurrection en 1912, date du retour du chef spirituel des bouddhistes : le Dalaï-lama, 13è du nom, qui déclare l'indépendance du pays en 1913 au grand dam des chinois qui entendent maintenir le territoire sous leur coupe. En octobre 1950, 40.000 chinois envahissent le Tibet. Un accord, obtenu sous la contrainte en mai 1951 intègre le pays à la Chine. Une insurrection, soutenue par la CIA, éclate en 1955, mais la réplique de l'armée communiste qui visera notamment à bombarder les monastères (10 lieux de culte seront épargnés sur 600) contraindra le 14è Dalaï-lama à s'exiler en Inde, en mars 1959. Depuis cette date, 8 millions de chinois déplacés coloniseront le territoire tibétain, et même si l'autonomisme persiste, la solide mainmise de Pékin en sape les perspectives.

Philippe Conrad accueille Roger Vétillard pour deux ouvrages : Français d'Algérie et Algériens avant 1962 (Ed. Hémisphères) et La dimension religieuse de la guerre d'Algérie 1954-1962 (Ed. Atlantis).

Le sous-titre témoignages croisés reflète parfaitement la teneur du premier livre. Roger Vétillard a, en effet, questionné des centaines d'acteurs, unanimes dans leur description d'une coexistence de proximité et de sympathie entre français de souche européenne et autochtones sur le territoire algérien avant 1962. "L'apartheid" n'existait ni dans les rues, ni dans les écoles, ni sur les terrains de sport ; situation qui n'était pas totalement perçue et objectivement relatée dans les médias. Dans le second ouvrage, l'auteur fait remonter au début des années 1930 l'identification d'une réaction religieuse musulmane et note qu'un soulèvement arabo-islamiste se trouve à l'origine de la guerre d'Algérie. Pendant le conflit, la référence à l'islam est très présente chez les combattants du FLN, doublée d'une force mobilisatrice. En 1955, le Fond de Libération Nationale revendique un rétablissement du pays dans le cadre des principes islamistes. De fait, une guerre civile de dix ans, dans les années 1990, concrétisera dramatiquement ce réveil religieux.

Passé-Présent avec Frédéric Le Moal - Benito Mussolini avant le fascisme

Publiée le 03/12/2025

Passé-Présent se penche sur une figure que l’on croit connaître, mais dont une grande partie du parcours demeure méconnu : Benito Mussolini avant qu’il ne devienne le Duce. Le Mussolini, d’entre 1912 et 1919, à une époque où rien ne laisse encore présager le futur dictateur. Un Benito Mussolini tour à tour socialiste révolutionnaire, agitateur, intellectuel autodidacte, journaliste brillant, puis interventionniste convaincu au moment de la Grande Guerre. Un Mussolini changeant, multiple, contradictoire, bien éloigné de l’image figée que l’histoire a retenue.
Nous allons comprendre des années décisives, souvent éclipsées par la période du pouvoir, et qui éclairent pourtant l’émergence d’un phénomène politique inédit : le fascisme. Nous évoquerons ensemble les ruptures, les métamorphoses, mais aussi les continuités d’un homme dont la trajectoire personnelle se confond avec les bouleversements de l’Europe du début du XXᵉ siècle. Pour comprendre Mussolini, il faut revenir au jeune révolutionnaire, au militant socialiste, à l’homme du front, à l’échec politique de 1919.
Une émission avec Frédéric Le Moal, historien, spécialiste de l’Italie contemporaine, des relations internationales et des totalitarismes. Il vient de signer la préface du remarquable ouvrage d’Emilio Gentile, "Avant qu'il ne devînt le Duce", récemment traduit en français et paru aux éditions Certamen.