Les Conversations

Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°60 avec Régis Le Sommier - Ukraine, Syrie, Mali… Qu’est ce que l’Information de guerre ?

Publiée le 09/03/2025

Qu’est-ce que l’information - et qu’est-ce qu'un journaliste ? Nous ne savons pas répondre à cette question, pourtant déterminante quand nous dépendons de plus en plus d’informations qui sont souvent des mensonges. On peut être dit "journaliste" sans avoir de formation ni même de qualification précise, au point que le mot ne veut plus rien dire en lui-même : il est celui qui ment toute la journée en toute tranquillité, en pleine lumière, aussi bien que celui qui est capable de risquer sa vie pour trouver, là où il peut et comme il le peut, des vérités qui détruisent les mensonges les plus obligatoires. A de multiples reprises, sur de multiples théâtres d’opération, Régis Le Sommier aurait pu trouver, non des témoignages, des vérités ou des indices de vérités, mais la mort. A l’écouter, à suivre, derrière le rideau, le récit de la vie souvent stupéfiante d’un "reporter de guerre", on comprend qu'être "journaliste" n’est rien hormis une morale, une manière de vivre, et de comprendre la vie. Notre chance est que Régis Le Sommier, non seulement est un modèle d’intelligence inquiète du monde, mais aussi un écrivain, un conteur, outre un esprit libre capable de saisir l’histoire là où elle se fait, et de nous la proposer, par la plume, ou par l’image. Cette conversation est aussi une réflexion passionnante sur le bel avenir de la guerre, et le dur avenir de la vérité. 

Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°72 - Hugues Reiner : La musique française a-t-elle disparu ? (2ème partie)

Publiée le 30/11/2025

Suite de notre conversation pleine d’imprévus avec le chef d’orchestre et compositeur Hugues Reiner. Sa personnalité volcanique et sa vitalité hors pair en ont séduit beaucoup, mais il leur reste à découvrir la suite de son parcours, toujours plus inattendu, jusqu’au grand concert qu’il organise le 11 décembre 2025 en l’église Saint Sulpice de Paris (20h45). Au programme, sa "Cantate Charles de Gaulle" puis ce Requiem de Mozart qui reste son monument de prédilection. Venez nombreux !

Mais à travers cette conversation se pose une grave question qui concerne tous les Français. Car, si tout peuple est formé par la conscience de ses intérêts propres, de son histoire, de sa langue, il l’est aussi, bien qu’on y songe trop peu, par sa musique. Langue, images et sons forment son imaginaire et, en retour, peuvent aussi bien le déformer quand images et sons lui sont imposés par d’autres. Nous l’éprouvons à longueur de journée en subissant d’affreuses "musake", comme dit Renaud Camus, dont les ascenseurs, les bars, restaurants, supermarchés, radios et télévisions s’acharnent à nous mettre la bouillie au fond des oreilles, c’est-à-dire de nos cerveaux - parfois concurrencées par les danseries maghrébines que des provocateurs font hurler à dessein. La guerre culturelle se fait, autant que par l’image, par la musique…

Et si les Français redécouvraient la musique française, sa tradition lointaine, sa richesse contemporaine, son immense portée spirituelle et intellectuelle ? Ceux qui ont fait la chrétienté ont su l’immense résonance dans les esprits et les cœurs du chant dit "grégorien", comme l’ont su aussi nos rois musiciens, Louis XIII et son fils Louis XIV dont on a pu dire que le long règne fut une "dictature de Lully". Nos Républiques le surent aussi : la première pourchassa la fois la musique de cour et la musique sacrée, tandis que, dès ses débuts, la IIIème République encouragea la "musique française", extraordinaire foisonnement musical dont Fauré, Ravel et Debussy ne furent que de beaux exemples parmi tant d‘autres, tout cela pour faire pièce à l’omniprésence de la musique allemande qui, après Sedan, sonna aux oreilles françaises comme une provocation. Plus tard, Malraux conçut une véritable "politique de la musique", qu’il confia à l’immense Marcel Landosky, puis Pompidou favorisa de mille façons Pierre Boulez, avant que Jack Lang n'invente la "fête de la musique" pour que toute musique dite classique fut une fois pour toute recouverte par le brouhaha des supposées "musiques du monde".  Et maintenant où en sont les Français avec leur musique ?