Les Conversations
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux - Régis Le Sommier : Je n’aime pas la guerre mais les guerriers
Tout pourrait faire croire que la profession de journaliste, si nécessaire à l’information du citoyen et donc à la démocratie, est lentement absorbée par des exercices de plateau, des élucubrations de plumitifs bavards ou le simple service des mots d’ordre otaniens, bruxellois, wokistes ou autres. C’est oublier qu’il existe des journalistes qui respectent l’impératif premier de leur mission : reporter des faits, faire connaitre des réalités, chercher, sous les apparences ou les propagandes, des vérités qui souvent changent tout. Régis Le Sommier est l’un de ceux-là, rares sans doute mais dont l’audience, à l’écart des médias serviles, s’affirmera d’autant plus, aujourd’hui et plus tard. Après avoir été directeur adjoint de la rédaction de l’hebdomadaire Paris Match, dont il fut pendant huit ans correspondant permanent aux Etats-Unis, explorant, avec une curiosité qu’on dirait insatiable les arcanes souvent cachés de l’Empire, il crée son propre média, Omerta, qui, comme sa grande sœur TVL dont il est un partenaire habituel, s’acharne à rétablir les faits. Il le fait "sur le terrain", dans l’ensemble du Proche-Orient, qu’il semble connaitre mieux que ceux qui en font profession, ou plus récemment la Russie et spécialement l’Ukraine. Interlocuteur du président Assad, auquel il consacra un ouvrage remarqué, il obtient de nombreux entretiens "au sommet", avec les présidents Bush et Obama aussi bien que, rare exploit, avec le directeur de la CIA, et bien d’autres. Qui est cet homme ? Comme si souvent, les clefs majeures sont données dès l’enfance : ce fils de Bretons, marqué notamment par un père qui, officier sous-marinier, voua sa vie à l’arme nucléaire française, montre dès ses premiers engagements politiques un attachement viscéral aux valeurs nationales, à la France comme idéal d’indépendance d’esprit, comme passion de voir, de savoir et de dire - un idéal qui le conduit à fouiller des sujets quelquefois inattendus, qui nous conduira à ajouter une seconde conversation à cette première, déjà fort dense. Un homme en pleine force de l’âge qu’il importe de connaître et de suivre - car il y a fort à parier que nous entendrons souvent parler de lui.
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux - Colonel Etienne Sesmat : Ce qui a tué le petit Grégory, c'est ce qui tue la France
Il m’a fallu du temps pour m’intéresser à "l’affaire Grégory", nom de l’enfant de quatre ans enlevé puis tué le 16 octobre 1984 à Lépange, petit village vosgien de la vallée de la Vologne, que l’on connaissait jusqu’alors par la richesse de son industrie textile. Affaire formidable, dont l’instruction est en cours depuis 41 ans et qui cette année encore connait un rebondissement spectaculaire avec la nouvelle audition d’une des parentes du "petit Grégory", Jacqueline Jacob, déjà mise en examen en 2017, remise en liberté pour vice de forme mais qui est plus que jamais le "témoin n°1" avec son mari Marcel Jacob. Intéressante en elle-même par la galerie de portraits qu’elle offrit tour à tour, l’Affaire, comparable par sa portée à l’Affaire Dreyfus dont elle est en quelque sorte le pendant, a fini par me passionner à mesure que j’en compris les incroyables plis et replis politiques - aussi acharnée que fut la presse française (et étrangère, car l’Affaire connut un retentissement mondial...) à les cacher à mesure qu’elles se révélaient. Pourquoi les cacher ? Parce qu’elles accablent la gauche française, à laquelle appartiennent la plupart des protagonistes (à commencer par l’acteur le plus discret, Robert Badinter...) capables de se liguer des décennies durant pour retarder la mise en évidence de vérités éclatantes, et, même, pour monter d’horribles diversions, au point que la trouble conjonction de ses bastions (le journaliste, le policier, le juge, et l’avocat ), conjonction délétère qu’on retrouve en maintes affaires françaises, accusa longtemps la propre mère de l’enfant, Christine Villemin, laquelle échappa de peu à la mort et ne fut blanchie que neuf ans après son inculpation par "le petit juge" Lambert. Vérités qui aujourd’hui nous éclatent au visage : l’accablante partialité idéologique de services publics les plus essentiels, et, plus accablante encore, la preuve que l’on peut tuer un enfant, en France, par ressentiment social - vérité qui accuse la République elle-même, jusqu'à ses origines révolutionnaires…
Chacun des deux interlocuteurs de cette conversation n'engage ici que lui-même. Relisons l’Affaire avec celui qui en fut le premier instructeur, alors capitaine de Gendarmerie, Etienne Sesmat, et qui en est aussi le meilleur connaisseur : son impartialité marmoréenne est, comme sa carrière que nous apercevons à grands traits, tout à l’honneur de la Gendarmerie Nationale : c’est elle seule, et celle de quelques magistrats héroïques tel "le Juge Simon", qui permit que l'Affaire Grégory livre peu à peu ses leçons. Etienne Sesmat, certes, ne prend pas partie : mais à ceux qui l’écoutent, que de leçons précieuses pour, comme disait le général De Gaulle, "rendre la France à elle-même - d’autant précieuses que cette immense affaire, ô combien emblématique des maux qui accablent notre pays, n’est toujours pas close.
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