Les Conversations

Les Conversations - Eric Verhaeghe : fin stratège de la contre-révolution

Publiée le 27/08/2022
Il est étonnant que le peuple qui a donné tant de résistants à la cause de sa liberté, esprits fiers qu’il a longtemps dénommés "héros", se prenne à présent à les nommer "Complotistes", comme si la Résistance, de glorieuse, devenait à présent honteuse. Or, c’est une même veine qui court à travers les âges, telle que l'incarne aujourd’hui, parmi tant d’autres, Eric Verhaeghe : il a connu la vie modeste d’une famille déshéritée de Liège, ce cap avancé de la France en Europe ; il a connu les universités françaises, puis l’ENA ; il a connu un grand nombre d’entreprises publiques, semi-publiques ou privées, dirigeant d’importants organismes comme l’APEC (Association pour l’emploi des cadres) ; il connait à présent la dissidence intellectuelle, conscient de ce qu’une société dont le modèle est à bout de souffle, et dont il connait tous les ressorts, peut engendrer de drames ou de délires, et décidé à les dénoncer au mépris même de sa carrière : c’est ainsi que, très au fait des méthodes nouvelles de la guérilla intellectuelle, il lança des sites de "réinformation" bien informés, tel le célèbre "Courrier des Stratèges", entre autres initiatives détonantes. Au fond, c’est le parcours et le portrait d’un homme à la fois très actuel et très moral que trace notre conversation, étonnante à bien des égards.

Les Conversations n°54 de Paul-Marie Coûteaux - Pierre Cheremetiev, un prince au service de la France et de la Russie

Publiée le 01/12/2024

Fils d’une des plus grandes familles de boyards (ses ancêtres s’illustraient déjà au XIIIème siècle, et l’on compte parmi eux aussi bien Alexandre Nevski que les maréchaux Sourvorov et Koutouzov…), le comte Cheremetiev, solidement campé dans sa quatre vingt quinzième année, nous reçoit dans son appartement de Paris auprès de sa femme Huguette - qui n’accepta de paraître à l’écran qu’au dernier moment. Les Cheremetiev, qui acquirent au fil des siècles une immense puissance terrienne et immobilière continuellement placée au service du tzar (c’est d’ailleurs elle qui, au XVIème siècle, mis les Romanov sur le trône...), prirent de plein fouet la Révolution communiste, qui emprisonna ou assassina la plupart de ses héritiers et organisa la confiscations de leurs biens. La grand-mère de Pierre réussit à gagner Paris avec six de ses huit enfants : pour nous, il relate leur installation en France, son enfance au Maroc, son amitié inattendue avec Mohamed V, ses études d’architecte boulevard Raspail (il sortit premier de sa promotion, et la France lui doit plusieurs monuments de renom) et par dessus tout le service de la musique, qui le conduisit, à la demande du maître lui-même, à diriger pendant près de 40 ans le Conservatoire Rachmaninov. Car ce prince infatigable (il fonda et présida longtemps l'Union internationale des compatriotes russes vivant à l'étranger, qui représente aujourd'hui les intérêts et protège les droits de 40 millions de personnes), qui nous confie avec une grande délicatesse quelques unes de ses vues sur le monde, la Russie, Vladimir Poutine et la France d’aujourd’hui (notamment son admiration pour Philippe de Villiers), ce pianiste, chanteur, à l‘occasion acteur, est avant tout un esthète, pour qui servir son peuple consiste à l’élever dans les arts et les œuvres de l'esprit - l’une de ses plus grandes fiertés est d’implanter des conservatoires dans plusieurs villes de Russie. "La tâche de la véritable aristocratie est de servir son pays" répète-t-il, avec un sourire où laisse poindre l’espoir, si mince en un temps ravagé par les oligarchies, que la tradition aristocratique est moins un souvenir qu’une promesse. Remercions M. Valentin Gaure d’avoir si bien su organiser cette trop courte mais très riche rencontre.