Les Conversations
Les Conversations avec Christian Mégrelis : Une réflexion sur l'étrange destinée de la Russie
Que de tranches d’histoire nous découvrons en conversant avec Christian Mégrelis, personnage à la culture encyclopédique qui a côtoyé, et quelquefois servi tous les empires du dernier siècle ! Français né à Chamalières entre les deux guerres, issu d’une vielle famille grecque pontique (installée sur les rives du Pont Euxin, aujourd’hui la mer Noire, entre l’Europe russe, le Caucase et la Turquie), ce parfait cosmopolite, infatigable voyageur qui mena avec succès diverses affaires commerciales sur tous les continents, grand connaisseur et défenseur de la Bible qu’il fit éditer jusqu’en Chine et qui l’inspire en toutes circonstances, joua un rôle politique de premier plan, en particulier comme conseiller aussi écouté qu’influent de Mikhaïl Gorbatchev. On en apprendra beaucoup à suivre son regard amusé, distant et synthétique, toujours très français, sur les grandes évolutions du monde, en particulier de sa chère Russie, dont le destin lui importe autant que celui de la France -et que, bien entendu, l’entente franco-russe tant mise à l’épreuve part notre enferment dans l’univers atlantique. Plus souvent complaisant avec les vues étatsuniennes que tendre avec Vladimir Poutine, il n’en reste pas moins fasciné par l’étonnant destin d’un peuple russe auquel il est viscéralement attaché, nous le serons sans doute en l’écoutant...
Les Conversations n°54 de Paul-Marie Coûteaux - Pierre Cheremetiev, un prince au service de la France et de la Russie
Fils d’une des plus grandes familles de boyards (ses ancêtres s’illustraient déjà au XIIIème siècle, et l’on compte parmi eux aussi bien Alexandre Nevski que les maréchaux Sourvorov et Koutouzov…), le comte Cheremetiev, solidement campé dans sa quatre vingt quinzième année, nous reçoit dans son appartement de Paris auprès de sa femme Huguette - qui n’accepta de paraître à l’écran qu’au dernier moment. Les Cheremetiev, qui acquirent au fil des siècles une immense puissance terrienne et immobilière continuellement placée au service du tzar (c’est d’ailleurs elle qui, au XVIème siècle, mis les Romanov sur le trône...), prirent de plein fouet la Révolution communiste, qui emprisonna ou assassina la plupart de ses héritiers et organisa la confiscations de leurs biens. La grand-mère de Pierre réussit à gagner Paris avec six de ses huit enfants : pour nous, il relate leur installation en France, son enfance au Maroc, son amitié inattendue avec Mohamed V, ses études d’architecte boulevard Raspail (il sortit premier de sa promotion, et la France lui doit plusieurs monuments de renom) et par dessus tout le service de la musique, qui le conduisit, à la demande du maître lui-même, à diriger pendant près de 40 ans le Conservatoire Rachmaninov. Car ce prince infatigable (il fonda et présida longtemps l'Union internationale des compatriotes russes vivant à l'étranger, qui représente aujourd'hui les intérêts et protège les droits de 40 millions de personnes), qui nous confie avec une grande délicatesse quelques unes de ses vues sur le monde, la Russie, Vladimir Poutine et la France d’aujourd’hui (notamment son admiration pour Philippe de Villiers), ce pianiste, chanteur, à l‘occasion acteur, est avant tout un esthète, pour qui servir son peuple consiste à l’élever dans les arts et les œuvres de l'esprit - l’une de ses plus grandes fiertés est d’implanter des conservatoires dans plusieurs villes de Russie. "La tâche de la véritable aristocratie est de servir son pays" répète-t-il, avec un sourire où laisse poindre l’espoir, si mince en un temps ravagé par les oligarchies, que la tradition aristocratique est moins un souvenir qu’une promesse. Remercions M. Valentin Gaure d’avoir si bien su organiser cette trop courte mais très riche rencontre.
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