Les Conversations
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°44 - Frédéric Rouvillois, sous les lumières de Charles Maurras
Voici ce qui pourrait être une conversation idéale, à l’ancienne, du temps où les interlocuteurs avaient d’autant plus de plaisir à converser qu’ils étaient d’accord sur à peu près tout, à quelques nuances près. Qu’il parle en professeur d’université, constitutionnaliste chevronné (c’est un des meilleurs exégètes de la Vème République), en éditeur ou en essayiste qui détecta très tôt les apories du progressisme (son ouvrage "L'invention du Progrès" est une abondante souche d’inspiration), et qui sut détecter chez Emmanuel Macron un avatar du saint-simonisme ; qu’il parle en moraliste retraçant l’histoire de la politesse et de sa valeur civilisatrice, ou analysant le "snobisme", ou parle encore en romancier qu’il est devenu sur le tard, ce diable d’homme balaye le monde d’aujourd’hui d’un regard puissamment éclairé par la pensée et l’œuvre de Charles Maurras dont il est un fidèle héritier, adhérant dès son plus jeune âge à l’Action française. Et ce n’est pas le moindre mérite de cette œuvre foisonnante, sans cesse aux avant-postes de l’actualité, que de se vouloir "intégralement maurrassien" et d’illustrer la puissance du "Maître de Martigues", dont on prononce d’autant plus le nom qu’on l’a rarement lu. Oui, un bonheur de conversation !
Les Conversations de Paul-Marie Coûteaux n°72 - Hugues Reiner : La musique française a-t-elle disparu ? (2ème partie)
Suite de notre conversation pleine d’imprévus avec le chef d’orchestre et compositeur Hugues Reiner. Sa personnalité volcanique et sa vitalité hors pair en ont séduit beaucoup, mais il leur reste à découvrir la suite de son parcours, toujours plus inattendu, jusqu’au grand concert qu’il organise le 11 décembre 2025 en l’église Saint Sulpice de Paris (20h45). Au programme, sa "Cantate Charles de Gaulle" puis ce Requiem de Mozart qui reste son monument de prédilection. Venez nombreux !
Mais à travers cette conversation se pose une grave question qui concerne tous les Français. Car, si tout peuple est formé par la conscience de ses intérêts propres, de son histoire, de sa langue, il l’est aussi, bien qu’on y songe trop peu, par sa musique. Langue, images et sons forment son imaginaire et, en retour, peuvent aussi bien le déformer quand images et sons lui sont imposés par d’autres. Nous l’éprouvons à longueur de journée en subissant d’affreuses "musake", comme dit Renaud Camus, dont les ascenseurs, les bars, restaurants, supermarchés, radios et télévisions s’acharnent à nous mettre la bouillie au fond des oreilles, c’est-à-dire de nos cerveaux - parfois concurrencées par les danseries maghrébines que des provocateurs font hurler à dessein. La guerre culturelle se fait, autant que par l’image, par la musique…
Et si les Français redécouvraient la musique française, sa tradition lointaine, sa richesse contemporaine, son immense portée spirituelle et intellectuelle ? Ceux qui ont fait la chrétienté ont su l’immense résonance dans les esprits et les cœurs du chant dit "grégorien", comme l’ont su aussi nos rois musiciens, Louis XIII et son fils Louis XIV dont on a pu dire que le long règne fut une "dictature de Lully". Nos Républiques le surent aussi : la première pourchassa la fois la musique de cour et la musique sacrée, tandis que, dès ses débuts, la IIIème République encouragea la "musique française", extraordinaire foisonnement musical dont Fauré, Ravel et Debussy ne furent que de beaux exemples parmi tant d‘autres, tout cela pour faire pièce à l’omniprésence de la musique allemande qui, après Sedan, sonna aux oreilles françaises comme une provocation. Plus tard, Malraux conçut une véritable "politique de la musique", qu’il confia à l’immense Marcel Landosky, puis Pompidou favorisa de mille façons Pierre Boulez, avant que Jack Lang n'invente la "fête de la musique" pour que toute musique dite classique fut une fois pour toute recouverte par le brouhaha des supposées "musiques du monde". Et maintenant où en sont les Français avec leur musique ?
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